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Les Chevrolins "Morts pour la France" en 1917

 

(© P. AMELINE Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur)

 

 

 

 

                            1917                            

 

        

          51 - Louis ROQUET   52 - Fernand BARILLERE   53 - Henri MORICEAU

         

          54 - Théodore DOUAUD   55 - Emile GUILBAUD   56 - François LHOMELET

 

          57 - Georges PADIOU   58 - Octave LHOMELET

 

 

 

 

 

 

51 / 75   Louis ROQUET, de Thubert au Chemin des Dames

 

 

 

C'est à Thubert, à la ferme de Louis Guillon, son grand-père maternel, que naît Louis Jean Marie Roquet, le 8 septembre 1884. Il est le troisième fils d'un couple de cultivateurs, Pierre Roquet et Anne Guillon. Ses frères sont Joseph, né en 1878, et François, né en 1881. Ils vont grandir sous le même toit que leur oncle et leur tante, en compagnie de leurs cousins, dans une ferme qui n'abrite alors pas moins de treize personnes !

 

Lorsqu'ils seront en âge, les trois frères travailleront sur l'exploitation familiale, après s'être « dégourdis » dans une autre ferme comme « domestiques agricoles », pendant quelques années. C'est ainsi qu'on retrouve l'aîné, Joseph, chez François Coeslier, à La Freudière, vers 1896, puis Louis à la ferme du Planty, tenue par Auguste Padiou, autour de 1901. Trois ans plus rard, Louis Roquet passe devant le conseil de révision qui l'exempte pour « endocardite ».

 

En 1906, il voit son frère aîné quitter la ferme familiale pour s'installer aux Huguetières chez Marie Clémence Mainguet qu'il vient d'épouser, le 8 janvier. Ce mariage, dont Georges Pépin de Bellisle fut l'un des témoins, s'annonçait sous les meilleurs auspices. Malheureusement, la jeune femme meurt en couches, dix jours après avoir donné naissance à une petite Marcelline, le 1er octobre 1906...

 

Ce drame n'est que le premier d'une triste série pour la famille Roquet. En effet, à peine plus d'un an après le décès de son épouse, Joseph meurt à son tour, le 3 janvier 1908... L'année suivante, Louis est témoin du mariage de son autre frère, François, qui épouse alors une jeune fille de La Bellerie, Eulalie Gadais, et qui part bientôt avec elle à Nantes pour vivre de la « location de garnis, 30 rue du Marchix » !

 

A l'âge de 25 ans, Louis Roquet travaille toujours avec ses parents qui ont, entre temps, recueilli Marcelline, la petite orpheline. A la fin de 1911, il épouse Marie Françoise Echappé, du Petit Fréty en Pont Saint Martin. Bientôt naissent à Thubert leurs deux enfants, Yvonne, en 1912, et Joseph, en 1914. Quand la guerre éclate, Louis qui a maintenant presque 30 ans ne pense sans doute pas qu'elle va le rattraper. Ses parents qui ont atteint la soixantaine se font vieux et c'est lui qui fait tourner la ferme depuis le départ de François. C'est, pour l'essentiel, son travail, dorénavant, qui nourrit une famille de trois enfants : ses deux enfants en bas-âge, mais aussi sa nièce de 6 ans...

 

Pourtant, Louis est convoqué devant le Conseil de Révision de Saint Philbert le 14 décembre 1914 ; il en ressort « bon pour le service auxiliaire ». Il passe encore l'hiver et une partie du printemps à Thubert mais il est « appelé à l'activité » le 25 mai 1915. Il est affecté à la 11ème Section d'Infirmiers Militaires qui couvre la 11ème Région Militaire, du Finistère à la Vendée. La plupart du temps les soldats-infirmiers de ces S.I.M. sont mis à la disposition des hôpitaux militaires de l'Intérieur.

 

Selon toute vraisemblance, Louis Roquet, quant à lui, est affecté à ceux de Brest. C'est là, sans doute, au cœur de l'été, qu'il apprend la mort de son frère, François, « tué à l'ennemi » dans la Somme à la mi-juin. Comme un malheur n'arrive jamais seul, il passe, le 14 septembre, devant une commission spéciale qui le reclasse « service armé » ! La « Patrie en danger » fait désormais feu de tout bois... Le 8 janvier 1916, il quitte donc le corps des infirmiers pour rejoindre, toujours à Brest, le 19ème Régiment d'Infanterie où il fait ses classes.

 

Le 29 avril 1916, il passe, avec 86 de ses camarades, au 151ème Régiment d'Infanterie et arrive à Saudrupt, dans la zone arrière de Verdun, le 2 mai. Trois jours plus tard, Louis découvre les tranchées de première ligne dans le secteur du Mort-Homme qui subit alors un bombardement régulier... Le 2ème bataillon auquel il appartient est au repos à Jouy-en-Argonne quand, les 19 et 20 mai, les positions du 151ème sont bousculées par un bombardement très violent qui bouleverse totalement les tranchées et fait de nombreuses victimes.

 

Le 151ème, durement éprouvé, est acheminé en train à Saudrupt, le 23 mai, puis à Harmonville, dans les Vosges, le 31. Il est alors réorganisé avant de remonter en ligne, le 10 juin, dans le secteur beaucoup plus calme d'Emberménil, en Lorraine. Il y reste jusqu'au 24 août, date à partir de laquelle, le régiment de Louis va faire lentement mouvement vers la Somme où la bataille fait rage. Le 3 septembre, il est au camp de Saffrais pour une période « d'exercices pratiques d'attaque de tranchées allemandes » reconstituées. Le 10, le 151ème embarque dans 4 trains qui l'amènent à Grandvilliers, dans l'Oise. Après quelques jours d'instructions supplémentaires, le régiment fait mouvement vers le front. Il est à Bray-sur-Somme le 18 et monte en ligne le 20 septembre au soir en face du village de Rancourt : « la relève est très pénible en raison […] de la boue dans laquelle on s'enfonce jusqu'aux genoux » ; elle n'est achevée qu'à 2 heures du matin...

 

Le 25 septembre et les jours suivants, le 151ème participe à une vaste attaque sur l'ensemble du secteur qui lui permet de s'emparer du village de Rancourt. Après une période de repos au bois des Célestins, le régiment de Louis participera à plusieurs autres attaques du 17 octobre au 6 novembre.

 

Relevé à cette date, et après un rapide passage par Gournay, en Seine Maritime, le régiment embarque pour Epernay où il arrive le 14. Le bataillon de Louis passe cette période de repos à Vinay, jusqu'au 30 novembre. Mais dans la nuit du 4 au 5 décembre, le régiment remonte au front, dans l'Aisne, à l'ouest de Berry-au-Bac, secteur calme jusqu'au 4 février 1917, date à laquelle le régiment est à nouveau envoyé au repos et à l'instruction à Lhéry puis à Artonges où il va rester jusqu'au 27 février.

 

Le 2 mars, Louis et son régiment sont de retour dans le secteur de Berry-au-Bac où se prépare déjà la grande offensive de printemps imaginée par le général Nivelle... Après un cantonnement de repos à Vaux-Varennes du 6 au 14 avril, le 151ème est sur le pied de guerre le 16 au matin. L'offensive, qui s'étend sur tout le front du Chemin des Dames et dont Berry-au-Bac n'est qu'un segment, est déclenchée à 6h. La bataille va faire rage jusqu'à la nuit, impliquant pour la première fois des chars d'assaut français, les chars Schneider. Le bataillon de Louis doit avancer « vers le bois Claque Dents, aidés par deux groupes de tanks, chaque groupe comprend deux batteries de quatre tanks »...

 

Un char Schneider CA1 et un groupe d'accompagnement au cours des manoeuvres qui ont précédé la bataille de Berry-au-Bac. Louis faisait partie de l'un de ces groupes.

 

A la fin de la journée, le 151ème comptera dans ses rangs 98 tués, 454 blessés et 21 disparus au nombre desquels figure Louis Roquet. Nous ne savons rien des circonstances de sa disparition mais nous pouvons supposer, d'après la localisation qui en est donnée, la commune de Gernicourt, qu'elle s'est produite au cours des premières heures de la bataille...

 

La nouvelle n'arrive à Thubert qu'à la fin juin. Ses parents, qui ont déjà perdu deux fils, garderont-ils espoir de revoir le troisième ? Combien de temps son épouse va-t-elle se raccrocher à l'idée qu'il est peut-être prisonnier ? Son père, Pierre Roquet, meurt le jour de Noël 1919 tandis que l'horrible incertitude ne prendra fin que le 6 octobre 1920 quand le tribunal de Nantes fixera la mort de Louis au 17 avril 1917, lendemain de sa disparition...

 

Mis en ligne le 18 janvier 2016

 

 

 

 

 

 

 

52 / 75    Fernand BARILLERE, de la ferme du Mortier à la ferme du Choléra

 

 

 

 

Jean-Baptiste Barillère et Aglaé Padiou se marient au printemps 1886. Le jeune couple élit domicile à la ferme du père de la mariée, François Padiou, au Mortier. Moins d'un an après, un premier fils, Fernand François Jean Baptiste Armand Barillère, naît de leur union, le 4 avril 1887. Dans la famille, au Mortier et à La Chevrolière, on prend l'habitude de l'appeler par son dernier prénom, Armand. Ses parents auront très vite deux autres fils : Arsène Constant François Joseph, appelé Constant, en 1888, et un garçon qui ne vivra que huit jours, Edouard, en 1889...

 

L'enfance vite écoulée, les deux frères doivent bientôt prêter main forte à leur père et à leur oncle, Ludovic Padiou, qui ont repris ensemble la ferme familiale à la mort du grand père, en 1902. Puis vient pour l'un comme pour l'autre le temps du service militaire. Fernand, pour prendre le prénom que lui donneront les autorités civiles et militaires, s'en va l'accomplir à Toul, au 26ème Régiment d'Infanterie. Il y est incorporé le 7 octobre 1908 et en est libéré deux ans plus tard, le 25 septembre 1910. Dans l'intervalle, en 1909, son frère est lui aussi parti « faire son temps », à Blois.

 

Les choses rentrent dans l'ordre en 1911 quand les deux frères sont à nouveau réunis sur la ferme du Mortier. En janvier 1913, le frère de Fernand épouse une jeune fille de La Freudière, Reine Giraudineau. Toutefois cette situation paisible et prospère ne durera plus très longtemps. La guerre approche...

 

Quand elle éclate, Fernand est rappelé immédiatement. Il prend la direction de Cherbourg dès le 3 août 1914 et rejoint le 25ème Régiment d'Infanterie avec lequel il avait déjà fait une période d'exercices à l'été 1912. Le parcours du régiment de Fernand n'aura rien d'original : batailles des Frontières dont celle de Charleroi, le 22 août, au cours de laquelle il perd près de la moitié de ses effectifs, la retraite, ponctuée par les combats de Guise et d'Etoges ; puis ce sera la batraille de la Marne et la contre-offensive jusqu'à Sillery, la Course à la Mer et à partir de début octobre la défense d'Arras dans les tranchées du secteur de Beaurains situé au sud de la ville.

 

Le régiment de Fernand tient ces positions jusqu'au printemps 1915. Une lettre de l'arrière lui apprend-elle, courant février, la mort de son cousin germain, François (13/75) ? Ou sa famille lui cache-t-elle la nouvelle ? Le 9 mai, la situation évolue. La première bataille d'Artois qui vient d'être déclenchée entraine le redéploiement du 25ème vers Ronville, Achicourt et Agny puis, le 30, son glissement au nord d'Arras. Le 7 juin, Fernand et ses camarades prennent position dans le tristement célèbre « labyrinthe de Roclincourt » où leur régiment sera décimé, une fois de plus, au cours des jours suivants... Le bouche à oreille annoncera-t-il à Fernand que son voisin du Mortier, Henri Chevalier (23/75), figure au nombre des tués du 10 juin ?

 

Le 24 juillet 1915, le 25ème est relevé et quitte l'Artois où il combattait depuis plus de neuf mois. Après une courte période de repos et un transfert par voie ferrée, il arrive en Argonne et prend position aux alentours de Vienne-le-Château le 13 août. Il combat dans le secteur du bois de La Gruerie, du ravin de La Houyette, de la vallée de la Biesme où il passe l'automne et l'hiver. A une date indéterminée et pour une raison que la fiche-matricule ne mentionne pas mais qui pourrait avoir été une maladie, le soldat Fernand Barillère est renvoyé à l'Arrière et passe, le 10 mars 1916, devant la commission de réforme de Vitré qui le déclare « inapte pendant deux mois »...

 

A l'issue de cette période, probablement prolongée d'un mois, Fernand ne retourne pas en Argonne mais passe, à la date du 18 juin, au 154ème Régiment d'Infanterie qui, descendant de Verdun, se trouve alors au repos autour de Commercy. Dès le lendemain, Fernand et son nouveau régiment montent en ligne dans un secteur beaucoup plus calme, celui de Boncourt-sur-Meuse et de Saint Agnant-sous-les-Côtes. Le 154ème va ainsi occuper la « Tranche Rabier » pendant une quarantaine de jours et y subir des « pertes légères ». Début août, il est relevé et conduit au nord-est de Baccarat, dans le secteur d'Ancerviller, où la situation est similaire.

 

Le 21 août, le régiment de Fernand est retiré du front et entame une période de repos, d'instruction et de manœuvres divisionnaires qui va durer jusqu'au 10 septembre aux alentours de Rosières-aux-Salines et du camp de Saffrais. Le 10 septembre 1916, il quitte la Lorraine pour la Somme. A partir du 25, le 154ème monte en première ligne dans le secteur de Rancourt. Le calme relatif du front lorrain laisse place à des combats beaucoup plus virulents dans lesquels l'artillerie joue pleinement son rôle. Notre Chevrolin en fait les frais le 30 septembre. Blessé « à la fesse gauche et à l'auriculaire droit par éclats d'obus », il passera quelques jours à l'ambulance avant de rejoindre ses camarades.

 

Relevé le 19 octobre, le régiment part pour une période de repos et d'instruction à Beauvoir-en-Lyons, en Seine-Inférieure. Il est de retour le 10 novembre et participe, le 14, à la prise du village et du château de Sailly. Le 17, le régiment de Fernand est définitivement relevé et s'apprête à quitter le front de la Somme. Dans les jours suivants, il amorce un mouvement qui, par petites étapes, va le conduire jusqu'en Argonne, de triste mémoire. Fernand n'a sûrement pas oublié qu'il y a passé l'hiver précédent lorsqu'il était encore au 25ème... Pourtant, la situation n'est plus la même et le secteur de La Mitte qui est confié au 154ème est beaucoup plus calme qu'en 1915. Il y reste jusqu'au 23 janvier 1917, date à laquelle, « par un froid rigoureux », il repart à nouveau vers l'ouest.

 

Après une longue période de repos et d'instruction autour de Champaubert, le régiment de Fernand remonte vers la vallée de l'Aisne et le secteur de Berry-au-Bac où il arrive le 8 avril 1917 : la grande offensive du Chemin des Dames s'y prépare depuis déjà longtemps... C'est à Cormicy, au bivouac des Grandes Places, le 15, que l'on apprend que le jour J est fixé au lendemain. Fernand fait-il partie de la moitié du régiment qui est détaché pour accompagner les chars d'assaut que l'on va employer pour la première fois dans l'armée française, ou de l'autre moitié qui se portera au bois aux Geais pour appuyer le 267ème R.I. ?

 

En tout cas, il survit aux combats acharnés qui durent toute la journée du 16. On le retrouve le lendemain, avec ce qui reste du 154ème, sur la rive droite de l'Aisne, dans les tranchées situées entre la ferme Mauchamps et le bois des Consuls. Le 18, Fernand et ses camarades parviennent à repousser, au prix de nombreuses pertes, une puissante contre-attaque allemande. La journée du 19 est consacrée au renforcement des positions conquises malgré un bombardement continuel de l'artillerie ennemie. Le 20 avril 1917, sous une pluie d'obus et alors que « l'aviation ennemi [est] très active », on opère des réajustements de position. C'est sans doute à l'occasion de ces mouvements de faible ampleur que Fernand Barillère est « tué à l'ennemi au nord-ouest de Berry-au-Bac », à proximité de la ferme du Choléra...

 

 

En l'absence de leurs deux fils partis à la guerre, Jean-Baptiste et Aglaé Barillère avaient quitté la ferme du Mortier pour s'installer à La Grand Ville. C'est là, vers le 20 mai, que leur parviendra la triste nouvelle. Une fois la paix revenue, on les y retrouve en compagnie de Constant, rentré sain et sauf avec la Croix de Guerre, et de son épouse. Comme ces derniers n'auront pas d'enfant, cette branche de la famille Barillère s'éteindra rapidement. En effet, Aglaé mourra en 1927, Jean Baptiste en 1928 et Constant en 1935...

 

Mis en ligne le 31 janvier 2016

 

 

 

 

 

 

53 / 75   Henri MORICEAU, l'un des 40 000

 

 

 

Fermier à La Freudière, Henri a 30 ans quand son épouse, Marie Clouet, met au monde leur fils aîné, Henri Jean Baptiste Donatien Moriceau, le 6 janvier 1894, neuf mois tout juste après leur mariage. Trois ans plus tard, il sera rejoint par René, au printemps 1897. Au cours des années suivantes, la famille d'Henri quitte La Freudière pour La Planche Brue. Un troisième et dernier fils, Marcel, y naît en 1901. Les Moriceau sont aidés, aux champs comme à la ferme, par Philomène Clouet, la tante des enfants, une « vieille fille » qui vivait déjà auprès d'eux à La Freudière.

 

En 1906 toutefois, Philomène est partie servir ailleurs ; elle n'a pas suivi la famille de sa sœur qui a de nouveau déménagé et que l'on retrouve maintenant à La Chaussée. C'est là que le jeune Henri, abandonnant les bancs de l'école, entrera en apprentissage chez Léon Douaud, le charron du village.

 

En juin 1914, alors que son départ au service militaire se profile, son père présente à la municipalité une « demande d'allocation journalière à titre de soutien de famille ». En effet, dans l'intervalle, la tante Philomène est revenue et « lui est désormais tout à charge ». Or, la famille va être privée du soutien d'Henri « qui vient régulièrement chaque mois en aide à sa famille »... La réponse du conseil municipal est favorable, « à l'unanimité ». Malheureusement, Henri ne part plus au service militaire, il part à la guerre...

 

Comme Georges Perraud (39/75), de La Thuilière, Henri est appelé le 6 septembre 1914. Sans doute ont-ils voyagé ensemble jusqu'à Vannes où ils sont incorporés, le jour même, au 35ème Régiment d'Artillerie de Campagne. Après des « classes » sommaires, le deuxième canonnier Henri Moriceau monte au front fin octobre ou début novembre alors que son régiment se trouve dans la Somme, au nord d'Albert, en appui des quatre régiments morbihannais et finistériens de la 22ème Division d'Infanterie.

 

Les « canonniers conducteurs », dont Henri fait partie, sont chargès de déplacer les pièces d'artillerie et les caissons de munitions avec des attelages, de les mettre en batterie et de s'occuper des chevaux. Ils participent aussi aux tâches de manutention autour des canons de 75mm dont le régiment est équipé. Son unité reste de longs mois dans le secteur de La Boisselle, aidant l'infanterie par des « préparations » d'artillerie, pilonnant le no man's land pour ouvrir des passages dans les barbelés et assommant la première ligne ennemie pour faciliter les attaques programmées.

 

Au printemps 1915, Henri et son régiment glissent vers l'Artois et participent, en juin, aux combats d'Hébuterne. A la fin juillet, le 35ème R.A.C. est enfin relevé par l'artillerie britannique. Après une période de repos, il prendra la direction de la Champagne où se prépare déjà la grande offensive du 25 septembre... Mais Henri ne suivra pas ses compagnons d'armes. Il a quitté le 35ème R.A.C. pour passer, dès le 9 août 1915, au 3ème Régiment d'Artillerie à Pied basé à Brest. Rejoint-il d'abord ce dépôt ou est-il transféré directement à l'une des batteries de son nouveau régiment ? Nous l'ignorons.

L' « artillerie à pied » correspond à l'ancienne « artillerie de forteresse ». Or, sa mission essentiellement défensive était confiée pendant la Grande Guerre aux vieux soldats des régiments territoriaux. La plupart des batteries d'active des R.A.P. étaient utilisées, comme celles des régiments d'artillerie de campagne, mais avec des canons de plus gros calibres (90 ou 120mm, par exemple), en appui et soutien de l'infanterie. Chaque batterie constituait de fait une unité autonome qui était détachée sur tel ou tel point du front. C'est pourquoi le cadre régimentaire est alors surtout théorique dans l'artillerie ; d'ailleurs, chaque batterie avait son propre « journal des marches et opérations ».

Malheureusement, aucune pièce d'archives ne nous a permis d'identifier précisément la batterie à laquelle le canonnier Moriceau avait été affecté. Impossible donc de retracer son parcours. On peut seulement imaginer, mais sans aucune certitude, que sa batterie se trouvait peut-être en Champagne à l'automne 1915 et du côté de Verdun en 1916. Impossible non plus de savoir à quelle date il a été évacué pour raison sanitaire....

En effet, Henri est atteint par la tuberculose pulmonaire, « contractée en service commandé ». Il est transféré, peut-être au cours de l'hiver 1916-1917, à l'hôpital temporaire n°64 installé à Sainte Anne d'Auray, dans le Morbihan. Une partie de cet hôpital est aménagé en « sanatorium de fortune » pour accueillir les soldats qui ont contracté la maladie au front. Entre 1914 et 1918, on dénombrera au total, dans l'armée française, 150 000 soldats malades de tuberculose avérée. Parmi eux, 40 000 ne s'en relèveront pas.

                              Hôpital n°64 de Sainte Anne d'Auray (Photo : Guyon / © ECPAD).

Malgré les soins qui lui sont prodigués et les « cures d'air » dont il a sans doute bénéficié sous les grands préaux construits alors à cet effet (voir photo ci-dessus), avec chaises longues et exposition plein sud, Henri Moriceau meurt le 1er mai 1917...

Ses parents, qui, à cette date, ont peut-être déjà quitté La Chaussée pour L'Angle, obtiennent du 3ème R.A.P. « un secours d'urgence de 150 Francs » en septembre. Pendant ce temps, René, leur deuxième fils, qui vient d'avoir 20 ans, se trouve au Chemin des Dames...

Mis en ligne le 12 février 2016

 

 

 

 

 

 

54 / 75   Théodore DOUAUD, le second disparu de Thubert

 

 

 

 

Louis Roquet (51/75) n'a que 4 mois quand naît à Thubert, dans la ferme voisine, son cousin germain, Théodore Pierre Jean Marie Douaud, le 19 janvier 1885. Il est le deuxième enfant d'un couple de cultivateurs, Jean Douaud et Marie Anne Roquet, qui en aura six au total avec Augustine, qui a précédé Théodore en 1883, et quatre autres enfants qui le suivront, Adélaïde en 1887, Berthe en 1890, Jean-Baptiste en 1892 et, enfin, Aimée en 1895.

 

Après une scolarité bien courte, Théodore rejoint son père sur la métairie où il restera jusqu'au service militaire. D'abord « ajourné d'office pour faiblesse » en 1905, il est classé « service auxiliaire » par le conseil de révision de 1906. Son père présente alors à la municipalité une demande d'allocation de 0,75 F par jour au titre de soutien de famille. Dans sa séance du 2 juin 1907, le conseil municipal émet un avis favorable « attendu que le demandeur n'a pas de fortune, a charge de famille ; son plus jeune enfant [Aimée] est infirme et il souffre lui-même depuis longtemps d'une maladie de cœur qui l'oblige souvent à cesser le travail »...

 

Théodore est ainsi incorporé dans les services auxiliaires du 65ème Régiment d'Infanterie, à Nantes, le 9 octobre 1907. Un an plus tard, en septembre 1908, son cas est à nouveau examiné par la commission spéciale de réforme qui le déclare « bon pour une deuxième année ». Le 25 septembre 1909, il quitte enfin le Quartier Cambronne pour rentrer à Thubert où le travail ne manque pas. A la fin décembre 1912, la mort de sa mère confère à ses sœurs, dont aucune n'est encore mariée, un rôle plus important encore dans la vie de la petite exploitation.

 

Quand la guerre éclate, Théodore est, lui aussi, toujours célibataire. A 29 ans, il est rappelé le 3 août 1914 et reprend du service comme auxiliaire au 65ème R.I. Malheureusement pour lui, le manque de combattants se fait rapidement sentir et la commission de réforme du 24 octobre le reclasse dans le service armé... Après cinq mois d'instruction militaire, Théodore quitte Nantes le 24 mars 1915. Il rejoint le 2ème bataillon du 65ème Régiment d'Infanterie qui cantonne alors à Acheux-en-Amiénois, dans la Somme.

 

Le 27 mars, Théodore connaît le baptême du feu en montant en ligne dans le secteur d'Albert, dans les tranchées que le 65ème occupe en alternance avec le 64ème. Début juin le régiment de Théodore participe, quelques kilomètres plus au nord, autour de la ferme de Toutvent et du village d'Hébuterne, à une offensive meurtrière qui causera, comme on l'a vu, la mort de quatre soldats chevrolins...

 

Le 18 juillet 1915, le 65ème R.I est relevé et entame une marche vers le sud ponctuée de plusieurs périodes de repos. Il cantonne à Harponville à partir du 24, à Bonvillers à partir du 30 et enfin à Crèvecoeur-le-Petit, dans l'Oise, du 6 au 12 août. Ce même jour, alors que ses camarades embarquent dans les trains qui les emmènent en Champagne où l'on concentre déjà les régiments qui participeront à la grande offensive du 25 septembre, Théodore est « évacué malade » vers l'Arrière.

 

Les archives ne mentionnent ni le type de maladie dont souffre notre Chevrolin ni l'hôpital qui l'accueille alors. Nous savons cependant qu'il restera en soins pendant six mois et, qu'à un moment ou à un autre, il sera transféré à Nantes. C'est en effet depuis le dépôt régimentaire du 65ème qu'il remonte au front en mars 1916. Il y arrive le 23, dans le secteur de Tahure : « 71 hommes en renfort : anciens évacués ». Théodore Douaud a sans doute du mal à reconnaître son régiment qui, décimé au cours de la deuxième bataille de Champagne à laquelle il a eu la chance d'échapper, a été largement renouvelé depuis son départ.

 

Mais son rétablissement est précaire et après seulement quatre semaines dans les tranchées, Théodore est évacué à nouveau le 22 avril, au moment de la relève du régiment. S'ensuivent deux mois de soins et de repos pendant lesquels le 65ème, lui, a pris, lentement mais sûrement, la direction de Verdun où la bataille fait rage depuis plus de trois mois. C'est là, sur la rive droite de la Meuse, dans le secteur du Ravin des Vignes que Théodore le rejoint, le 18 juin 1916.

 

Il participe, dès son arrivée et pendant cinq jours, à des combats d'une rare intensité pour « maintenir les positions » sous la menace permanente de l'artillerie ennemie qui tire, entre autres munitions, des « obus à gaz délétère »... Ensuite, du 23 juin au début août, le 65ème est envoyé au repos à Souhesmes, puis autour de Bar-le-Duc et enfin autour de Rignaucourt. Pendant cette période, le régiment de Théodore est réorganisé et reçoit de nombreux renforts avant de reprendre le chemin de Verdun.

 

Le 5 août, le 65ème remonte en ligne dans le secteur de Vaux-le-Chapitre pout protéger le fort de Souville menacé par les Allemands. Voici ce qu'en dit l'historique du régiment : « Pendant neuf jours, le régiment, décimé, résistera, sous un feu écrasant, à toutes les poussées de l'adversaire, et cela dans des trous d'obus, sans abri, sous un soleil de plomb, presque sans ravitaillement et sans eau. Ceux qui descendent le 14 avaient des faces de cadavres. Le 65ème laissait à Vaux-le-Chapitre la moitié de son effectif »...

 

Théodore fait partie des survivants qui sont envoyés de septembre à novembre dans la Woëvre toute proche. A côté de ce qu'ils ont enduré en juin et en août, le secteur qui leur est attribué leur semble sans doute bien calme... Le 20 novembre 1916, après quelques jours de repos à Erize-Saint-Dizier, le 65ème remonte à Verdun pour occuper le secteur de Douaumont repris aux Allemands un mois plus tôt.

 

A cette date, même si la victoire semble avoir choisi son camp, la bataille n'est pas terminée pour autant et Théodore sera de ceux qui l'achèveront quelques semaines plus tard. Ecoutons à nouveau ce que dit l'historique du régiment : « Le 18 décembre, le 65ème relève les troupes d'attaque à Bezonvaux et au bois des Caurrières [là-même où, le surlendemain, tombera le caporal Corbineau (50/75)]. La rigueur de la température, l'absence totale de toute organisation, dans un terrain chaotique et bouleversé, rendent cette période particulièrement pénible, tant par les pertes que par les souffrances physiques et morales pourtant supportées avec une admirable abnégation »... Le 23 décembre, « la ligne est encore imprécise et tout le terrain nouvellement conquis qu'occupe le régiment est soumis à un bombardement violent et constant »...

 

Le jour de Noël 1916, le régiment de Théodore est relevé par le 413ème et va cantonner à Louppy-le-Petit pour une période de repos bien mérité. Au début de l'année 1917, il occupe par un froid rigoureux le secteur de Louvemont et de la Côte du Poivre avant de quitter définitivement Verdun « par voie de terre », le 14 février. On le retrouve déjà, quelques semaines plus tard, au Chemin des Dames...

 

Du 28 mars au 1er avril, il s'illustre à Terny-Sorny et à Vauxaillon, dans l'Aisne, avant d'être retiré du secteur et d'aller cantonner à Saint-Rémy-Blanzy puis de rejoindre une division de deuxième ligne jusqu'au 29 avril, date à laquelle, il remonte au feu. Le 5 mai 1917, il attaque les positions allemandes, solidement organisées, du sous-secteur de la Bovelle « avec mission d'atteindre les pentes nord du plateau qui domine l'Ailette. »

 

A l'heure H (9 heures), le premier bataillon à droite et le deuxième [dont fait partie Théodore] à gauche débouchent sous un feu d'enfer et, si les pertes ne diminuent pas l'ardeur de l'attaque, elles font que les objectifs ne peuvent être atteints qu'en fin de journée, après de furieux corps à corps »... C'est au cours de cette journée, sans qu'on puisse être plus précis, que le soldat Douaud « disparaît », comme 143 de ses camarades...

 

La nouvelle n'arrivera à La Chevrolière que le 10 juillet. A cette date, sa famille a quitté Thubert pour La Chaussée. Son père y vit en compagnie de sa soeur aînée, Augustine, et d'Aimée, la benjamine. Au lendemain de la guerre, tandis qu'Adélaïde, Berthe et Jean Baptiste sont partis « faire leur vie » à Nantes, Augustine épouse, le 2 juin 1919, Louis Freuchet, rentré de captivité en janvier. Sans enfant, ils resteront à La Chaussée, tout comme Aimée, après la mort du père, en septembre 1930.

 

Mis en ligne le 26 février 2016

 

 

 

 

 

 

55 / 75   Emile GUILBAUD, officier de l'Armée d'Orient

 

 

 

 

Emile Guilbaud est un nom bien connu à La Chevrolière. Les anciens vous diront qu'on lui doit l'oratoire de Tréjet, construit en 1920 et restauré en 2011. Soldat au 81ème R.I.T., il avait fait vœu de l'édifier s'il survivait à la guerre. Rentré sain et sauf, il avait tenu promesse. Mais le soldat qui nous intéresse, bien que portant les mêmes nom et prénom, n'a pas eu la chance, lui, de revoir son village natal ni de rester dans la mémoire des Chevrolins. En fait, notre homonyme, l'Emile Mort pour la France, était le cousin issu de germain de l'Emile « survivant » et le frère cadet de Joseph Guilbaud (12/75)...

 

Né à Tréjet, le 25 mars 1885, Emile Pierre Marie Guilbaud est donc le deuxième et dernier enfant de Pierre Guilbaud et de Madeleine Legeay. Comme son frère aîné, il va très tôt travailler sur la petite exploitation familiale. La vigne semble y tenir une place assez importante puisqu'il se déclare « cultivateur vigneron » au moment de son engagement. En effet, en novembre 1903, alors qu'il n'a que 18 ans et que son frère est parti accomplir son service militaire à Saint Maixent, Emile quitte Tréjet et le travail de la terre pour s'engager dans l'armée. Il signe, à Nantes, un engagement de trois ans au 64ème Régiment d'Infanterie et se retrouve à Ancenis dès le lendemain.

 

Son engagement entraîne ipso facto la libération anticipée de son frère qui est de retour sur la ferme avant la fin novembre. Promu soldat de première classe le 6 juin 1904, Emile rentre à Tréjet, au terme de son contrat, le 4 novembre 1906. Mais il n'y retrouve plus la place qu'il avait laissée. Entre temps, en effet, son frère s'est marié et a fait entrer son épouse sous le toit familial. Puis un neveu, baptisé Emilien, y est né en 1907.

 

Peut-être s'est-il alors senti un peu à l'étroit ou a-t-il compris que l'exploitation ne pourrait sans doute plus nourrir tout son monde ? A moins que l'attrait de la vie militaire n'ait été le plus fort ?Toujours est-il que le 6 mars 1908, Emile signe à Nantes un nouveau contrat d'engagement, de cinq ans celui-là, pour le compte du 4ème Régiment d'Infanterie Coloniale. Ce choix, il le sait, va l'amener à « voir du pays ». Trois jours plus tard, Emile Guilbaud arrive à Toulon où il rejoint la caserne du Mourillon.

 

Devenu en quelques mois marsouin de première classe, il passe le 30 septembre 1909 au 16ème R.I.C. et s'embarque pour la Chine ! Le voici maintenant, bien loin des rives de l'Ognon, sur celles du Hai He, à Tientsin, avec le corps expéditionnaire français. Emile va y rester près de quatre ans. Il est promu caporal le 1er mai 1911 et « rempile » par anticipation en mai 1912 pour trois années supplémentaires, « terme fixe »... C'est avec le grade de sergent obtenu en avril 1913, qu'il termine sa « campagne de Chine ». Il rentre en France le 14 août de la même année et passe au 7ème R.I.C., caserné à Bordeaux.

 

Emile y poursuit une carrière de sous-officier qui s'annonce prometteuse ; dès mars 1914, il est promu sergent-fourrier. Mais bientôt la guerre éclate. A Bordeaux, comme ailleurs, dans la fièvre du mois d'août, on rappelle les réservistes. Le sergent Guilbaud fait partie des cadres du 7ème R.I.C. qui sont chargés d'assurer, à la hâte, la mobilisation d'un régiment de réserve qui prendra le numéro 37. Le 6 août 1914, le 37ème R.I.C. se rend à la gare Saint Jean et embarque pour Toulon où il sera « affecté à la défense du front de terre ». Cette sinécure sera de courte durée...

 

Pour contenir la poussée allemande des premières semaines, on appelle progressivement tous les régiments disponibles sur la ligne de front. Le 13 septembre, le 37ème R.I.C. quitte Toulon pour le front des Vosges où il combattra jusqu'en juin 1915 dans le secteur de La Forain, entre Moyenmoutier et Senones. Le 28 juin 1915, le régiment d'Emile est relevé. Après quelques jours de repos mis à profit pour sa réorganisation, il arrive au Bois-le-Prêtre, à l'ouest de Pont-à-Mousson, le 6 juillet, dans la nuit.

 

Le 37ème R.I.C. subira dans ce secteur, ainsi que dans celui de la Croix des Carmes à partir du 6 septembre, des tirs d'artillerie nourris et meurtriers. Le régiment a sans doute été « secoué », aussi, par la traduction devant le conseil de guerre de deux de ses soldats, Camille Chemin et Edouard Pillet, qui, accusés de désertion, sont fusillés le 5 août à Montauville. Emile connaissait-il ce père de cinq enfants et ce soutien de famille, dont on saura plus tard qu'ils avaient été accusés à tort et qui seront réhabilités en 1934 ? Qu'a-t-il pensé de cette triste affaire ?

 

Le 19 septembre 1915, le 37ème R.I.C. est relevé et prend la direction de la Champagne où l'offensive est imminente. Emile et son régiment arrivent le 29 à l'ouest de Tahure où ils sont placés en deuxième ligne. Le 13 octobre, ils partent au repos à Sivry-Ante, puis se voient attribuer un secteur plus tranquille où le no man's land est, par endroits, large d'un kilomètre. Ils restent là, au bois d'Hauzy du 25 octobre au 10 novembre puis remontent, le 15 novembre, dans le secteur beaucoup plus dangereux de la Main de Massiges qu'ils ne quitteront qu'autour du 20 décembre.

 

Après une longue période de repos et d'instruction, de grandes manœuvres dirigées par le général Pétain au camp de Crèvecoeur, le 37ème R.I.C. fait lentement mouvement vers Maucourt, dans la Somme, où il prend position en première ligne le 21 février 1916 essuyant, en signe de bienvenue, plusieurs attaques au gaz. Le régiment d'Emile ne quittera les tranchées de ce secteur que le 1er juin afin de prendre quelque repos avant la grande offensive prévue le mois suivant.

 

La bataille de la Somme est déclenchée le 1er juillet 1916 mais le 37ème R.I.C. n'entre en action que le 6, entre Biaches et Barleux. Deux jours plus tôt, Emile avait été promu adjudant-chef et c'est avec ses nouveaux galons qu'il participe, le 9, à l'attaque et la prise de la Maisonnette. Ce brillant assaut, mené de concert avec un bataillon de Sénégalais dont la plupart voyait le feu pour la première fois, permet au 37ème de faire, en quelques heures, un millier de prisonniers allemands. Mais le bilan est lourd : 231 tués dont 10 officiers, 625 blessés et 277 disparus, dans les rangs du 37ème...

 

Relevé le 11 juillet, le régiment d'Emile est au repos jusqu'au 30. Il remonte alors dans le secteur de Flaucourt où il subit passivement pendant trois semaines « un furieux duel d'artillerie ». Le 22 août, il part au grand repos autour de Bazicourt, dans l'Oise : il y reste jusqu'au 30 septembre. Il est alors envoyé au Camp Retranché de Paris, où il effectue des travaux de défense pendant le mois d'octobre. Emile doit bien se douter que cette période de sécurité, loin du front, qui dure depuis déjà deux mois se terminera bientôt...

 

De fait, le 6 novembre 1916, les hommes du 37ème apprennent, avec surprise ou stupeur, que leur régiment est désigné pour faire partie de l'Armée Française d'Orient ! Dans les jours qui suivent ils sont acheminés par voie ferrée jusqu'à Montluel, dans l'Ain, où ils touchent de nouveaux équipements, « type alpin ». Le régiment et son encadrement sont réorganisés. A cette occasion, l'adjudant-chef Guilbaud est à nouveau promu : il est nommé sous-lieutenant le 11 novembre...

 

                             Cantine du sous-lieutenant Guilbaud retrouvée récemment

                                au fond d'un grenier chevrolin (Coll. Louis Dautais).

 

Le 37ème R.I.C., désormais « transformé » en un régiment du corps expéditionnaire, arrive à Marseille le 4 décembre. Il embarque, entre le 4 et le 11, sur plusieurs bâtiments, l'Ionie, le Saint-Laurent, le Parana, le Basque, l'Arendja, le Colbert et le Paul-Lecat qui appareillent ensemble le 12. Après une semaine de mer, le convoi échappe à la menace d'un sous-marin allemand grâce à la vigilance et à la réactivité du torpilleur d'escorte 319 qui fait mouche du premier coup...

 

Le régiment d'Emile débarque à Salonique, au nord de la Grèce, le 26 décembre 1916. Par voie de terre, il se rend à Petersko pour une longue période d'instruction et d'entrainement. Entre le 8 janvier et le 3 mars 1917, nos marsouins s'accoutument peu à peu à un terrain et à environnement nouveaux, et se préparent à retrouver le champ de bataille, eux qui n'ont plus combattu depuis six mois...

 

Le 20 mars 1917, le 37ème R.I.C. se porte à Monastir (Bitola) au sud de la Serbie (actuelle Macédoine) qu'il s'agit de dégager de l'étau germano-bulgare. A cette fin, il monte, le lendemain, sous la cote 1248 puis s'en empare et s'y installe, sans coup férir, dans les jours suivants. Le 4 avril, le régiment d'Emile est relevé et quitte la colline 1248. Il fait alors mouvement, par étapes, vers la boucle de la Cerna où il relève un régiment italien. Il y accomplit des travaux d'organisation du terrain en vue d'une offensive prévue pour le mois suivant. Malheureusement, le terrain est découvert et les avions allemands y font des reconnaissances quasi quotidiennes...

 

                     Pièces d'uniforme retrouvées dans la cantine d'Emile Guilbaud.

                On reconnaît  les épaulettes jaunes de la Coloniale (Coll. Louis Dautais).

 

Quand le 9 mai 1917, à 6h30, le 37ème se lance à l'assaut du « Mamelon des Tranchées Rouges », il ne peut espérer le moindre effet de surprise... Les premières vagues réussissent toutefois, malgré le feu nourri des mitrailleuses, à dépasser la première ligne des tranchées bulgares et à sauter dans les tranchées de deuxième ligne : « Malheureusement celles-ci très profondes et étroites forment pièges, de nombreux Bulgares [y] lancent des grenades [depuis une tranchée parallèle]. L'élan est rompu... »

 

C'est au cours de cette attaque que le sous-lieutenant Guilbaud est tué à l'ennemi, sans doute fauché par une rafale de mitrailleuse. Voici ce que dit de lui l'historique du régiment : « officier qui, depuis le début de la guerre, a donné de nombreuses preuves de son énergie et de sa bravoure. A l'attaque du 9 mai 1917, après avoir brillamment enlevé sa section à l'assaut, est tombé au cours de la mêlée, entre la première et la deuxième tranchée ennemie »...

 

La triste nouvelle arrivera à Tréjet début juillet. En août, Pierre Guilbaud, qui vient de perdre son second fils, percevra sa dernière solde, celle du mois de mai : 133 Francs et 20 centimes... D'abord inhumée dans la terre de Macédoine, la dépouille d'Emile Guilbaud sera rapatriée en France cinq ans plus tard. La presse s'en est fait modestement l'écho par cet entrefilet qu'on pouvait lire dans l'édition du 14 septembre 1922 du quotidien Ouest Eclair : « Retour de nos glorieux morts. Un wagon funéraire ramenant à destination de la Loire-Inférieure des corps de militaires inhumés à l'armée d'Orient est parti de Marseille le 13 septembre et arrivera à Nantes le 17, à 21h51 »...

 

Mis en ligne le 14 mars 2016

 

 

 

 

 

 

 

56 / 75   François LHOMELET, le disparu du Skra-di-Legen

 

 

 

François Jean Marie Théophile Lhomelet est né le 5 octobre 1894 à Thubert. Il est le deuxième enfant d'un couple de cultivateurs, François Lhomelet et Anne Marie Roquet, qui aura trois autres fils : Joseph, l'aîné, né en 1893, Auguste en 1896 et Eugène en 1899. François n'a pas 16 ans quand leur mère, âgée seulement de 51 ans, meurt en juillet 1910. Mis à part Eugène, le plus jeune, les trois autres fils Lhomelet sont placés comme domestiques agricoles : Joseph à La Thibaudière, Auguste à Thubert même et François chez les frères David de la Nivardière, en Pont Saint Martin.

 

Arrivé à l'âge du service militaire, François est ajourné pour « faiblesse » à deux reprises, en 1913 puis en 1914, par le conseil de révision de Saint Philbert. Mais au printemps 1915, en raison de « l'hécatombe » du début de la guerre, il est déclaré « bon pour le service » et incorporé le 8 septembre au 66ème Régiment d'Infanterie, à Tours. Après des classes écourtées par l'urgence de la situation, François Lhomelet passe dès le 20 novembre au 84ème Régiment d'Infanterie, alors intégré à l'Armée d'Orient...

 

Rejoint-il alors le dépôt du 84ème replié à Hautefort, en Dordogne, ou rejoint-il directement son nouveau régiment déjà en Grèce depuis le début du mois ? A quoi correspond précisément la date du 20 novembre : à son arrivée à Hautefort, à son embarquement à Toulon, ou bien à son arrivée à Salonique où stationne le 4ème bataillon ? Fait-il déjà partie du détachement de renfort d'une centaine d'hommes qui arrive sur la Cerna le 22 novembre ? La question reste entière. Toutefois, étant donné la durée habituelle de la traversée, comprise entre 5 et 7 jours, on peut raisonnablement penser que François est sur le front début décembre au plus tard.

 

Le 84ème R.I. arrive le 30 novembre 1915 à Stroumitsa (Macédoine actuelle), sous la neige. Le lendemain, le 3ème bataillon, auquel appartient notre Chevrolin, se porte sur Gradec où le 3ème Régiment de Chasseurs d'Afrique est déjà en ligne. Quelques accrochages et quelques tirs d'artillerie légère émaillent ces premières journées de décembre au cours desquelles François Lhomelet reçoit le baptême du feu.

 

Dans la nuit du 7 au 8, son bataillon est pris dans une fusillade incessante et doit repousser, au cours de la journée suivante, une puissante attaque bulgare. Le 9 décembre, le 84ème R.I. reçoit l'ordre de décrocher et de se diriger sur Negortsi. Il poursuit son repli vers le sud et le 12, après avoir livré les derniers combats de la retraite de Serbie, rentre en Grèce et bivouaque au nord de Karasuli, appelé aujourd'hui Polykastro.

 

Le 15 décembre, alors que le gros de l'armée reprend son mouvement de repli vers le camp retranché de Salonique situé à une soixantaine de kilomètres, le régiment de François reçoit pour mission de rester sur place afin d'assurer la protection et la couverture du reste de la division. Désormais aux avant-postes, le 84ème R.I. effectue des missions de reconnaissances et surveille les mouvements de l'ennemi. Dans ce dispositif, le 3ème bataillon a en charge un secteur de deux kilomètres situé à l'est du Vardar. Cette période, qui n'est « marquée que par quelques escarmouches avec des comitadjis », prendra fin à la mi-janvier.

 

Le 17 janvier 1916, le 84ème R.I., relevé par le 4ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, prend la direction de Dogandji, sur le Bas-Vardar, où il va rester pendant près de deux mois. Travaux de défense autour du camp de Salonique, instruction et réorganisation sont au programme de François et de ses camarades. Le 8 mars, le régiment reçoit l'ordre de remonter vers la frontière serbe où menace toujours l'ennemi germano-bulgare. Il se met en route le 12 avec pour mission de sécuriser le village de Macukovo (aujourd'hui Evzoni) et d'établir une ligne de défense dans ses alentours.

 

Ayant pris position dès le 16, le 84ème R.I. organise le secteur et s'installe désormais dans une guerre de tranchées où le paludisme fait bientôt plus de victimes que les tirs ennemis... Cinq mois plus tard, le 29 août 1916, il est enfin relevé par des troupes britanniques et, traversant le Vardar, prend la direction de Koupa. Le régiment de François y relève à son tour, dans la nuit du 4 au 5 septembre, le 2éme régiment serbe.

 

Ce secteur, très tourmenté, d'une altitude de 800 à 900 mètres, s'étend au pied du massif du Skra-di-Legen où sont perchés les Bulgares et leur artillerie. Les déplacements y sont difficiles et seuls les mulets, empruntant des sentiers improbables, peuvent assurer le ravitaillement, l'évacuation des blessés ou le transport des canons de 37. Pendant huit mois, le 84ème va occuper les tranchées de ce secteur en subissant des bombardements périodiques et en attendant patiemment le printemps qui leur permettra enfin d'attaquer les positions ennemies...

 

                    Deux officiers grecs observent les pentes du Skra-di-Legen au deuxième plan.

 

Le jour J a été fixé au 10 mai 1917. La marche d'approche commence à 3 heures du matin dans le plus grand silence. L'attaque générale est déclenchée à 4h30. Le bataillon de notre Chevrolin et, en particulier sa compagnie, la 9ème, se trouvent au centre du dispositif. Malgré les pentes très raides qu'il faut gravir coûte que coûte, François et ses camarades avancent rapidement. Puis, soudain, leur progression est ralentie. Pendant que les tirs de l'artillerie bulgare redoublent de fréquence et qu'une mitrailleuse « oubliée » crépite sur leur flanc droit, ils s'aperçoivent que les tirs de leur propre artillerie sont désormais trop courts ! Le temps que les signaux parviennent aux canonniers et que de nouveaux réglages permettent d'allonger le tir, le bel élan du 3ème bataillon est brisé !

 

En fin de matinée, le bataillon de François est cloué au sol. Il subit alors des pertes sévères pour deux raisons principales. D'une part les « minenwerfer », ces mortiers allemands capables de tirer jusqu'à vingt coups par minute, sont entrés en action à partir de 8h ; d'autre part « la nature rocheuse du sol » empêche nos soldats, non seulement de « se couvrir efficacement dans les tranchées conquises », mais aussi « d'établir les chevalets » qui leur permettraient de riposter avec leurs trois mortiers Aasen... A 17h, après un nouveau pilonnage, « les Bulgares se ruent sur nos troupes […] les survivants du 3ème bataillon sont obligés d'abandonner les tranchées conquises et descendent les pentes abruptes sous une vive fusillade et des tirs d'artillerie de tous calibres »...

 

C'est le 2ème bataillon qui parviendra à contenir cette puissante contre-attaque et à organiser, alors que la nuit tombe, une ligne provisoire pour conserver une partie du terrain conquis. Au soir de ce 10 mai 1917, qui comptera « parmi les trois journées les plus sanglantes que le 84ème R.I. a vécu pendant toute la guerre », le soldat François Lhomelet manque à l'appel. Il est déclaré « disparu ». Peut-être est-il resté, blessé, dans les tranchées reprises par les Bulgares à la fin de la journée et est-il tombé alors entre leurs mains ? Un courrier adressé au maire de La Chevrolière, le 16 août, et destiné au père de François va dans ce sens en le disant « présumé prisonnier ». Mais cet espoir est-il vraiment sincère quand on sait que dès le 7 juin, moins d'un mois après sa disparition, on le cite à l'orde du régiment et on lui décerne la Croix de Guerre comme on l'aurait fait pour un soldat « tué à l'ennemi » ?

 

A la même date, le bataillon de François est cité à l'ordre de l'Armée dans ces termes : « Dans un magnifique élan, a enlevé d'un seul bond les ouvrages ennemis établis sur un massif montagneux situé à 1800 mètres environ des positions de départ et les dominant de près de 300 mètres, s'y est maintenu toute la journée, dans un combat au corps à corps avec des forces ennemies très supérieures, et sous un bombardement formidable d'obus de gros calibre et d'obus asphyxiant. A permis à la division, par sa vaillance et son dévouement, de remplir sa mission, et de s'installer à 1500 mètres en avant de ses positions anciennes, en conservant tous les ouvrages avancés enlevés à l'ennemi »...

 

Au lendemain de la guerre, il faudra se rendre à l'évidence : François ne figure pas au nombre des prisonniers et sa dépouille n'a pas été retrouvée non plus... Son père vit alors seul à Thubert pendant que son frère aîné, Joseph, qui s'est marié en 1919, est installé à La Bellerie avec ses deux enfants, Denise née en 1921 et Paul né en 1925. Les deux autres frères de François se marieront à l'été 1926 et quitteront La Chevrolière, Eugène pour Vertou et Auguste pour Saint Aignan. Entre temps, le 11 octobre 1921, le Tribunal de Nantes avait officiellement déclaré François mort à la date du 10 mai 1917...

 

Mis en ligne le 11 mai 2016

 

 

 

 

 

57 / 75   Georges PADIOU, le sergent du Planty

 

 

 

Jean Georges Auguste Louis Padiou est né le 6 décembre 1889 à la ferme du Planty. Fils aîné d'Auguste et de Marie Guilbaud, il y grandit sous le même toit que ses grands-parents et que son oncle Alfred. Bientôt il est rejoint par une sœur, Germaine, née en 1892, puis par deux frères, Pierre, en 1895, et Constant en 1896. L'année suivante meurent leur grand-père, qui était devenu le fermier des Blanchard du Halliou à la fin des années 1850, puis, une semaine plus tard, leur arrière-grand-père de 92 ans...

 

Tout naturellement, les fils Padiou travaillent sur les terres du Planty dès que l'âge le leur permet. Au tournant du siècle, la ferme emploie même trois domestiques, dont Louis Roquet (51/75) qui a cinq ans de plus que Georges. En 1901, l'oncle Alfred épouse Marie Doré, de La Grivelière, et les Padiou doivent même, dès l'année suivante, faire un peu de place pour leur fils, Joseph. La vie continue avec le décès de la grand-mère, Madeleine Janeau, en 1903, puis la naissance d'une cousine, Emilienne, en 1906.

 

Arrivé à l'âge de 20 ans, Georges passe devant le conseil de révision et part faire son service militaire, l'année suivante, au 77ème Régiment d'Infanterie de Cholet. Il est promu caporal en septembre 1911 et rentre au Planty en septembre 1912. Il songe alors à « faire sa vie » et épouse, le 26 mai 1914, Angèle Barillère, du bourg, le jour même de ses 20 ans. Malheureusement, à peine plus de deux mois après leur mariage, la mobilisation générale surprend les jeunes mariés et ramène Georges à la caserne Tharreau dès le 3 août.

 

Le surlendemain, Georges et son régiment embarquent déjà dans les trains qui les conduisent en Lorraine. Ils débarquent près de Nancy et prennent position entre Nomény et Le Grand Couronné, sur la frontière que la honteuse défaite de 1870 avait imposée. Le 19 août, toutefois, le 77ème R.I. quitte ce secteur calme pour se porter en Belgique où la progression allemande devient préoccupante.

 

Mais comme les autres régiments de l'Ouest, il devra bien vite battre en retraite... Au terme d'un repli harassant d'une dizaine de jours pendant lequel le harcèlement ennemi, terrestre ou aérien, provoque tués et disparus, tel le jeune voisin de Georges, Joseph Richardeau (2/75) de La Michellerie, le régiment choletais participe à la bataille de la Marne, dans le secteur des marais de Saint Gond. Il s'illustre même pendant cette brillante contre-offensive par la prise du château et du village de Mondement, le 9 septembre.

 

Mais cette course poursuite prend bientôt fin quand le 77ème est arrêté, six jours plus tard, à Prosnes. C'est là, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Reims, après avoir subi « des pertes sérieuses », que va commencer pour lui la guerre de tranchées. Dès le lendemain, 16 septembre 1914, le caporal Padiou est nommé sergent. Après avoir glissé, début octobre, vers Thuizy, le régiment de Georges quitte la Marne pour le Nord où il arrive le 20.

 

Il prend alors part à la première bataille des Flandres, aux côtés des Britanniques, dans le secteur de Zonnebeke, tout près d'Ypres. Entre le 19 novembre et le 3 janvier 1915, on les retrouve, toujours dans le froid et la boue, à Zillebeke et au Bois d'Hooge... Au cours de cette période, Georges saura-t-il qu'un jeune Chevrolin de 20 ans, Clément Biton (16/75) a rejoint son régiment début décembre et qu'il l'a déjà quitté, gravement blessé, le 20 février ? Il faudra attendre le 23 mars pour que le 77ème R.I. soit enfin relevé. Les survivants, dont le sergent Padiou fait partie, quittent alors cet enfer, à pied, pour rejoindre Doullens, dans la Somme, où ils profitent d'un repos bien mérité.

 

Un mois plus tard, le 77ème remonte sur Ypres et tient des positions le long de l'Yperlée, avant de prendre, le 5 mai 1915, la direction de l'Artois où se prépare une grande offensive. Il y participe en deux temps : de son déclenchement jusqu'au 30 juin, puis, après une longue période de repos, toujours dans la Somme, du 10 au 27 septembre. A la mi-octobre le régiment choletais fait mouvement vers le secteur de Loos-en-Gohelle qu'il ne laissera aux Britanniques qu'au début janvier 1916.

 

Après une période d'instruction et de manoeuvre au camp de Saint Riquier, il remonte en ligne, le 15 février, au Bois en Hache, sur la commune d'Angres. Voici ce qu'en dit l'Historique du régiment : « Secteur assez calme, mais en revanche on patauge dans un véritable marais, infecté de cadavres. A cet endroit reposent de nombreux morts des attaques du plateau de Notre-Dame-de-Lorette »...

 

Début mars, le 77ème R.I. est relevé et part au grand repos à Verton, situé à quelques kilomètres de la mer. Le 16, la 36ème brigade, à laquelle il appartient, est passée en revue sur la plage de Berck. C'est là que Georges apprend qu'il est transféré au 409ème Régiment d'Infanterie à compter du 21 mars...

 

Les régiments « 400 » ont été créés au début de 1915 dans le cadre d'une réorganisation rendue nécessaire par l'hécatombe de 1914. Le 409ème R.I. que va rejoindre Georges Padiou est créé en mars 1915 et formé à Chinon. Alors qu'il participe à la bataille de Verdun, il est littéralement décimé à Vaux-devant-Damloup au début du mois de mars 1916. Retiré du front, il est envoyé à Eurville-Bienville, près de Saint Dizier, afin d'être reformé. C'est dans ce contexte que des renforts s'élevant à plus d'un millier d'hommes venant de divers régiments affluent à partir du 15 mars.

 

Georges, lui, arrive dans la Haute-Marne entre le 22 et le 24 mars. Le 25, il participe à une « prise d'armes de tout le régiment et revue du colonel qui souhaite la bienvenue aux hommes de renfort »... Aussitôt après, le « nouveau » 409ème embarque dans les trains qui l'emmènent pour un mois de repos autour de Verberie, dans l'Oise.

 

Le 23 avril 1916, jour de Pâques, Georges et son nouveau régiment quittent leurs cantonnements et prennent à pied la direction de la ferme de Quennevières, située à une quarantaine de kilomètres, où ils vont prendre position dans des tranchées perpétuellement menacées par les bombardements et les assauts allemands. Le 409ème y subit des pertes sévères avant d'être relevé le 20 août par le 12ème Régiment de Cuirassiers. Il part alors pour trois semaines de « repos » ponctuées de marches, de prises d'armes, de manœuvres et de revues. Le 12 septembre « les permissions sont rétablies » dans les proportions de 3 à 10 % suivant les compagnies...

 

Le sergent Padiou fait partie des heureux permissionnaires. Pendant que son régiment monte vers la Somme, Georges, lui, prend la direction de La Chevrolière où il arrive dans les jours suivants. Quelle a été la durée de cette permission ? S'agissait-il d'une « permission agricole », plus longue que les autres ? Sept jours, plus deux de délai de route, ou douze jours ? Nous n'en savons rien. Mais sa réalité est bien attestée par une photo prise alors au Planty. C'est là que Georges retrouve sa jeune épouse, ses parents et même son plus jeune frère, Constant, qui, coïncidence troublante, est lui aussi en permission à cette même date !

 

 

Ce temps forcément trop court est aussi celui des nouvelles, bonnes ou mauvaises, et c'est sans doute à cette occasion que Georges apprend, entre autres, la mort de son beau-frère, Henri Barillère (46/75), et la disparition inquiétante de Pierre, son frère cadet, à Verdun. Lorsque les deux permissionnaires quittent La Chevrolière pour le front de la Somme, ils ne savent pas qu'ils se sont vus pour la dernière fois...

 

Georges rejoint son régiment engagé dans la bataille de la Somme depuis le 18 septembre. Désormais bien loin de la tranquillité du Planty, il retrouve brutalement la vie des tranchées dans les secteurs de Soyécourt et d'Ablaincourt où la guerre fait rage. Le sergent Padiou et la trentaine d'hommes de sa demi-section y restent jusqu'au 27 octobre. Après quelques semaines de repos autour de Thieux, dans l'Oise, le 409ème R.I. passe à la 167ème Division d'Infanterie et prend la direction de Neufchâteau, dans le département des Vosges, où il arrive le 1er décembre 1916.

 

Le régiment de Georges y reçoit une mission qui va le tenir éloigné du front pendant plusieurs mois : « pendant tout l'hiver, entrainement à la guerre de poursuite en vue des opérations du printemps 1917 »... Fin avril 1917, le 409ème quitte la Lorraine et retrouve le champ de bataille au nord de Reims. Il est chargé d'« enlever les organisations ennemies du Champ du Seigneur, petit bois que les Allemands ont garni de fortins bétonnés et de nombreuses mitrailleuses ». L'attaque, lancée le 9 mai, permet de prendre la première tranchée ennemie et de faire une centaine de prisonniers, cependant la riposte allemande renvoie bientôt les hommes du 409ème sur leurs positions de départ...

 

Mais Georges y était-il seulement ? Rien n'est moins sûr. On sait qu'il est tombé gravement malade à une date que nous ignorons, mais comprise entre octobre 1916 et juin 1917. On ne le voit, en effet, réapparaître dans les archives que le 11 juillet, à 10h20, quand un télégramme alarmant arrive de Lyon : « Médecin chef hôpital 101 à Maire de La Chevrolière Padiou Jean Georges sergent 409ème Infanterie état très grave informez famille »...

Dans la promiscuité des tranchées, Georges a lui aussi attrapé la tuberculose. Evacué vers l'Arrière, il est transporté à Lyon et admis à l'hôpital auxiliaire n°101, installé sur les quais de Saône. Son état s'aggrave en raison de complications intestinales et péritonéales. Georges Padiou meurt « des suites de maladie contractée au service », le 15 juillet 1917 à 4h du matin.

 

Au lendemain de la guerre, Auguste et Marie Padiou, qui, entre temps, ont perdu un deuxième fils, Constant, disparu en Flandre en avril 1918, voient Pierre rentrer de captivité le 6 décembre. Près de deux ans plus tard, le 9 novembre 1920, le seul survivant des frères Padiou du Planty épousera Angèle, la jeune veuve de Georges dont ils donneront le prénom, l'année suivante, à leur fils...

 

Cette photo, prise au Planty en septembre 1916, montre les retrouvailles improbables des deux frères Padiou : Georges, à gauche, et Constant (62bis/75), à droite (Collection Jean-Luc Padiou).

 

 

 

Mis en ligne le 27 mai 2016

 

 

 

 

 

 

58 / 75   Octave LHOMELET, « zouave au grand coeur »

 

 

 

 

Octave Emile Pierre Lhomelet est le premier enfant d'un couple de cultivateurs, Auguste Lhomelet et Mélanie Douaud. Né le 17 février 1889, il passe ses premières années à La Thuilière sous le même toit que sa grand-mère maternelle, Judith Freuchet, et que son oncle, Jules Douaud. En novembre 1891, la famille s'agrandit avec la naissance d'un deuxième garçon prénommé Charles. Par la suite, l'oncle Jules quitte la maison familiale pour Tréjet lorsqu'il épouse Joséphine Perraud en mai 1893.

 

Octave n'a que 4 ou 5 ans quand la famille Lhomelet s'installe au Râteau où son père se déclare « fermier » lors du recensement de 1896. Bientôt en âge de travailler, l'aîné des fils est placé comme « domestique agricole » chez Auguste Léauté, l'un des deux fermiers de La Grande Noé. Octave s'y trouve encore quand sa grand-mère s'éteint en janvier 1907. Par la suite, les Lhomelet quittent Le Râteau pour Les Basses Haies où on les retrouve en mars 1910 quand Auguste demande et obtient l'allocation journalière pour compenser l'absence de son fils qui s'apprête à partir au régiment.

Octave figure sûrement sur cette carte postale (Coll. Claude Visonneau) qui représente les conscrits de la classe 1909. Mais lequel est-ce ? Nous n'y reconnaissons que Georges Padiou (57/75), deuxième en partant de la gauche.

 

En effet, Octave quitte La Chevrolière le 4 octobre 1910 pour le fort de Rosny-sous-Bois, près de Paris, où il est incorporé au 4ème Régiment de Zouaves. Le 25 septembre 1912, il est de retour aux Basses Haies, deux semaines seulement avant de voir partir son frère pour Angers et le 135ème R.I.... Quand la guerre éclate, Octave est immédiatement rappelé. Il rejoint son régiment, dont plusieurs bataillons arrivent de Tunisie, une unité désormais renommée 4ème Régiment de Marche de Zouaves.

 

Le dimanche 16 août 1914, Octave et son régiment quittent la gare de Bercy pour arriver le soir même à la frontière belge. Le 4éme Zouaves prend position autour de Tarciennes le 22, et subit son baptême du feu le lendemain au cours de la bataille de Charleroi. Puis c'est le repli, la bataille de la Marne, début septembre, et le mouvement vers l'ouest qui amène le 4ème R.M.Z. dans l'Oise, vers Tracy-le-Mont. En octobre son régiment, alors dans l'Aisne, « reçoit l'ordre de prendre ses dispositions pour partir vers une destination inconnue ».

 

De fait, c'est en Belgique, à Lampernisse, dans le plat pays, qu'Octave et son régiment prennent position. En novembre, les zouaves combattent autour d'Ypres, à Saint Eloi, sur l'Yperlée... Les pertes sont nombreuses et les troupes épuisées. Le régiment est enfin mis au repos du 22 au 31 décembre, autour de Poperinghe et de Cassel. Le 1er janvier 1915, placé provisoirement « en réserve d'armée », il redescend dans l'Oise, à Tricot et Magnelay, pour une période d'instruction.

 

Le 17 janvier, il embarque dans les trains qui le conduisent à Dunkerque. Puis, de là, il repasse en Belgique et remonte en ligne au début février. Le régiment d'Octave ainsi que le 1er Zouaves ont reçu pour mission de verrouiller le passage de l'Yser, le long de la Mer du Nord. Le 3ème Bataillon, dans lequel se trouve Octave, est relevé tous les quatre jours par le 5ème dans lequel figure un autre Chevrolin, Constant Biton (26/75), et va alors cantonner, quelques kilomètres en arrière, à Coxyde-les-Bains ou à Oostduinkerke. Au cours de ces relèves, Octave et Constant se sont forcément croisés. Les deux Chevrolins, perdus dans l'enfer flamand, ne se seraient-ils jamais reconnus ni salués ?

 

Cette vie de tranchée est rythmée par des bombardements quotidiens qu'il faut supporter en serrant les dents. Comme on l'a vu, l'un d'entre eux sera d'ailleurs fatal à Constant Biton, le 28 juillet...En septembre, le 4ème R.M.Z. glisse vers Nieuport-Bains pour organiser cette localité « en point d'appui ». Pendant près de huit mois, nos zouaves sont essentiellement occupés à des travaux d'aménagement et de défense. Protégés par les artilleurs du secteur avec qui ils coopérent activement, et parmi lesquels se trouve le Chevrolin Georges Perraud (39/75), ils ne subissent que des pertes réduites.

 

La mission accomplie, Octave et son régiment quittent définitivement la Belgique, le 20 avril 1916. Pendant un mois, d'abord autour de Dunkerque puis au camp d'instruction de Crèvecoeur-le-Grand, dans l'Oise, le 4ème R.M.Z. va alterner repos, entraînement au combat offensif et manœuvres de brigade ou de division. Enfin, le 26 mai, il se dirige inévitablement sur Verdun. Le 30, il relève, sous la pluie et le feu incessant de l'ennemi, le 173ème R.I. accroché à la sinistre cote 304...

 

Le bataillon d'Octave en occupe le sommet et la pente Est, face au Mort-Homme. Du 31 mai au 10 juin, il subit un pilonnage d'artillerie entrecoupé d'assauts qu'il repousse au prix de nombreuses pertes. Relevé le 10, il cantonne au Bois Saint Pierre puis, à partir du 12, à Fleury-sur-Aire. Du 30 juin au 9 juillet, le 4ème Zouaves remonte à la cote 304 où le bombardement ennemi a baissé d'intensité. A cause de ce début d'été pluvieux, les tranchées se sont transformées par endroits en de véritables bourbiers et la dysenterie se propage. C'est au cours de cette période, le 1er juillet 1916, qu'Octave est blessé à la main gauche par un éclat d'obus.

 

Son bataillon est relevé le 9 juillet. Il le rejoint à Rancourt où il reste au repos jusqu'au 2 août. Le 4ème R.M.Z. passe ensuite sur la rive droite et prend position dans le secteur de Vaux-Chapitre et de Souville où il subit et contient le harcèlement ennemi pendant douze jours. Relevé le 17 août, le régiment d'Octave part au grand repos à Tronville-en-Barrois jusqu'au 20 octobre. Ensuite, il remonte dans le secteur de Douaumont. Le 24, il a pour mission d'enlever les ravins de la Dame et de la Couleuvre, puis de reprendre le Fort de Douaumont avec les autres régiments de la 38ème Division. Malgré un épais brouillard, il atteint ses objectifs en moins de quatre heures, surprenant l'ennemi et faisant plus de 1500 prisonniers ! Octave s'est illustré à cette occasion. Il est cité à l'ordre du régiment : « Zouave très brave et de beaucoup de sang froid. Est un bon exemple pour ses camarades, s'est notamment distingué pendant les journées des 24 et 25 octobre 1916 alors que sa compagnie se portait à l'assaut »...

 

S'ensuit une nouvelle période de repos à Tronville, du 2 novembre au 11 décembre. Puis les zouaves du 4ème sont engagés une dernière fois dans la bataille de Verdun qui s'achève. On les retrouve le 15 décembre, avançant rapidement vers la route de Louvemont et la ferme des Chambrettes. Malheureusement, le front du régiment s'est trop vite élargi et présente maintenant des liaisons faibles sur lesquelles les Allemands vont faire pression au cours des trois jours suivants. Le gel qui fait alors son apparition n'arrange rien. Les nuits sont terribles. Le régiment d'Octave doit reculer. Le 19 décembre 1916, quand il est enfin relevé et rassemblé à Verdun, il a perdu 75 % de ses effectifs !

 

Après une période de repos et de reconstitution, à Tréveray et Saint-Joire, le 4ème R.M.Z. quitte définitivement la Meuse où il était arrivé neuf mois plus tôt. Le 15 janvier 1917, il prend la direction du Chemin des Dames par voie de terre. Malgré le froid et le verglas qui l'accompagnent, il arrive le 3 février près de La Ferté-sous-Jouarre. Il cantonne à Luzancy et Reuil-en-Brie. Manoeuvres et entraînement à la guerre de mouvement l'occupent jusqu'au début mars, puis vient le temps de la préparation et de l'équipement du futur front d'attaque.

 

Le 12 avril, le régiment, rassemblé à Fismes, est passé en revue par le général Mangin. L'attaque qui devait avoir lieu le 16, avec le régiment d'Octave en soutien, échoue dès les premières heures. On reste sur les positions antérieures et nos zouaves remontent en ligne du 18 au 25 avril dans le sous secteur du Monument d'Hurtebise où ils repoussent brillamment une attaque ennemie. S'ensuit un mois de repos, à Révillon et au Mont-Notre-Dame.

 

Le 4ème R.M.Z. remonte encore deux fois en ligne au cours du printemps et de l'été autour de Cerny-en-Laonnois : du 20 mai au 5 juin, puis du 2 au 10 juillet. A cette date, il est envoyé au repos à Château-Thierry pour « recevoir et amalgamer des renforts, renouveler l'habillement et l'équipement ». Faisant désormais figure de régiment d'élite, il va être préparé pendant trois mois, de manière rigoureuse et originale, à un objectif unique prévu pour l'automne : s'emparer du Fort de La Malmaison et opérer une percée profonde sur le front du Chemin des Dames !

 

Cette longue préparation commence par une période d'entraînement poussé « en pays libéré », à Lagny près Noyon, de la fin juillet à la fin août. On profite de l'existence d'anciennes tranchées pour effectuer un « travail sur le vif » au plus près des conditions réelles. Pendant cette première phase, le 9 août 1917, Octave est promu zouave de première classe... ou caporal : les archives se contredisent sur ce point. Le 18, le général Pétain passe toute la 38ème Division d'Infanterie en revue ; Octave l'a-t-il seulement aperçu ?

 

La préparation du 4ème Zouaves se poursuit par une reconnaissance de son futur terrain d'attaque : du 7 au 17 septembre, il est en position devant la ferme des Bovettes et le Panthéon face au Fort de La Malmaison. La troisième et dernière phase de cette minutieuse préparation se déroule à Grand-Rozoy du 17 septembre au 16 octobre. Pendant un mois, Octave et ses camarades vont s'entraîner sur un terrain reconstitué, semblable en tous points à celui de l'attaque ! Ces « répétitions» ont pour but de développer les automatismes et de trouver des solutions à toute éventualité. Chaque semaine, le terrain et les exercices sont actualisés à l'aide de nouvelles photos aériennes de la zone d'attaque ! On organise même une visite du Fort de Condé dont le plan et les dimensions sont identiques à celui de La Malmaison...

 

Enfin, le 16 octobre, c'est le départ en camion vers Chassemy. Le 19, une préparation d'artillerie de quatre jours commence tandis que nos zouaves montent en ligne. A 0 heure, le 23, ils sont en position dans les parallèles de départ. L'attaque est déclenchée à 5h15. Trois quarts d'heure plus tard le Fort de La Malmaison est déjà pris ! Le 3ème bataillon, celui d'Octave, y prend position pendant que le 4ème poursuivra la progression pendant trois jours, réussissant une percée de trois kilomètres !

 

Mais Octave n'en saura rien... Il a été « tué à l'ennemi » peu après la prise du fort, au petit matin du 23. Il est cité à l'ordre de la brigade en ces termes : « Zouave d'un remarquable courage et d'un grand cœur. Le 23 octobre 1917, après s'être distingué à l'assaut du Fort de La Malmaison, a trouvé une mort glorieuse en organisant sous un feu violent d'artillerie le terrain conquis »...

 

Octave Lhomelet sera décoré de la Médaille Militaire à titre posthume en 1920. D'abord inhumée au cimetière militaire provisoire de Jouy, sa dépouille sera transférée le 11 décembre 1923 à la Nécropole Nationale de Vauxbuin, près de Soissons, carré B tombe 451...

 

Au lendemain de la guerre, les parents d'Octave vivent toujours aux Basses Haies en compagnie de leur fils Charles rentré définitivement le 10 août 1919, après 7 années passées sous les drapeaux ! Il épouse Marie Jeanne Pineau, de Vezins, en janvier 1920. Bientôt la jeune femme attend un enfant. Mais cette « éclaircie » dans la vie des Lhomelet sera de courte durée. Un an après son mariage, Charles fait une attaque qui le laisse hémiplégique et aphasique. Difficile de ne pas voir là les séquelles des trois blessures par éclats d'obus qui lui avaient valu la Croix de Guerre avec étoile d'argent... Lourdement handicapé, le frère d'Octave meurt le 26 mars 1921 laissant une veuve et une orpheline, Charlotte, née la même année...

 

Mis en ligne le 10 juin 2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(© P. AMELINE Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur)

 

 

 

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