Quand le loup réapparaît...

(© P. AMELINE Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur)

 

En septembre 2020, dans l'article sur La louve des Basses-Haies, j'évoquais l'éventualité selon laquelle ce même animal aurait été vu à Portillon, en Vertou, quelques jours après le carnage perpétré à La Chevrolière. Je m'étais fondé pour cela sur un article de la Feuille Nantaise du 24 juillet 1800, qui, bien que n'avançant aucune preuve catégorique, penchait fortement dans ce sens.

Or, voilà quelques semaines, un Chevrolin de longue date, dont je tairai le nom à sa demande, m'a livré à ce sujet des informations inédites, des éléments de première main aussi sérieux qu'irréfutables, qui ruinent entièrement cette hypothèse. Ils s'appuient à la fois sur une tradition orale dont la fiabilité n'est pas douteuse et sur un élément matériel décisif : la dépouille du canidé elle-même !

Voici donc le fin mot de l'histoire. Le loup1 meurtrier n'aurait pas poursuivi son errance jusqu'aux lointaines rives de la Sèvre, comme je le supposais alors, mais aurait bel et bien été tué sur le territoire de notre commune, quelques jours seulement après le massacre des Basses-Haies. L'heureux chasseur en a ensuite cédé la dépouille à une ancienne famille qui, après l'avoir fait empailler, l'a précieusement gardée pendant près de deux siècles. Enfin, à l'occasion d'un déménagement, le terrible trophée fut offert à notre concitoyen qui, depuis plusieurs décennies maintenant, l'a conservé en évidence dans son intérieur chevrolin pour servir l'instruction et nourrir l'imaginaire de ses enfants puis de ses petits-enfants...

Voilà notre énigme résolue. Mais en partie seulement. Nous ne savons rien de l'identité de celui qui a tué la « bête carnassière ». L'a-t-il piégée, l'a-t-il tirée ? A quel endroit de la commune, et dans quelles circonstances ? En deux siècles, tous ces détails, et bien d'autres, ont été peu à peu perdus tant il est vrai que la tradition orale, source la plus "humaine" de l'histoire, reste, à maints égards, la plus fragile.

Mis en ligne le 10 décembre 2021

 

Note :

1 – La tradition locale évoque un « loup » plutôt qu'une « louve », terme uniquement utilisé par le chroniqueur de la Feuille Nantaise et par Cousin Jacques, l'écrivain parisien. Dans les actes de décès des deux sœurs Barillère on ne parle que de « bête sauvage ». La dépouille de l'animal est en trop mauvais état aujourd'hui pour pouvoir trancher la question.

 

 

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