Les truffes de la Freudière
Le XIXème siècle vit la floraison des sociétés savantes. Elles concernèrent presque tous les domaines du savoir, de la botanique à l'entomologie, de la géologie aux « antiquités » historiques et archéologiques. Faisant collaborer professionnels, chevronnés ou débutants, amateurs et notables dans la même passion de la science, elles permirent des recensements et des inventaires inédits, des études remarquables qui, pour certaines, font encore référence un siècle et demi plus tard. A une époque où l'érudition n'était pas moquée mais admirée, ces « associations » avant la lettre firent beaucoup pour la connaissance de notre patrimoine national, tant naturel que culturel. Leurs membres parcouraient inlassablement « le terrain », ne méprisant aucun « petit pays » et ne négligeant aucun détail...
C'est ainsi que, dans un article intitulé Ascomycètes hypogés de la Loire Inférieure, publié en 1895 dans le Bulletin de la société des sciences naturelles de l'Ouest de la France, dont il est alors président, Charles Ménier1 expose qu'il a trouvé à la Freudière, chez le comte de Bellisle, des tuberacei aestivum appelés vulgairement truffes de la Saint-Jean ou truffes d'été.
Mais laissons-lui plutôt la parole : « J'ai récolté cette truffe à la Freudière à la fin de juin 1887 et j'en ai encore reçu des échantillons au commencement de novembre 1894. Elle était à une très faible profondeur dans le sol d'une allée [bordée de tilleuls] ; un simple râclage la mettait à découvert. A cette époque, elle avait déjà le volume d'une noix, les pyramides de la surface bien développées, une odeur faible qui devenait, par la dessiccation spontanée, très aromatique et pénétrante. J'ai vu des échantillons récoltés fin de l'automne qui avaient le volume du poing. Elle paraît devenir rare dans cette localité. Elle peut être utilisée comme truffe de second ordre. [...]
C'est la seule localité actuellement connue de cette espèce dans le département. Les truffes reçues par Genevier2 et signalées par lui à la Société Académique de Nantes, il y a une vingtaine d'années, comme provenant de La Chevrolière appartenaient, sans doute, à la même espèce ».
Mis en ligne le 4 juin 2021
Notes :
1 - Charles Ménier (1846-1913), professeur à Nantes.
2 - Gaston Genevier (1830-1880), botaniste et pharmacien, spécialiste des Rubus. Il a pratiqué à Mortagne-sur-Sèvre avant de s'installer à Nantes.
Source : Bulletin de la Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France, Tome 5 (1ère partie, page 8), 1895. ADLA